La surabondance d’informations et la sollicitation numérique incessante qui caractérisent notre époque nuisent au traitement et à la priorisation des objectifs par notre cerveau. Ce fabuleux outil qu’est le smartphone, créé pour nous faciliter la vie, se révèle finalement parfois être un bourreau, nous faisant passer de décisionnaire de nos actions à simple exécutant. Stress et perte de repères peuvent alors conduire à l’épuisement. Et s’il était possible de (re)prendre le pouvoir sur son cerveau numérique ?
Hyperconnexion & charge mentale, de quoi parle-t-on ?
L’hyperconnexion ou hyperconnectivité est une utilisation excessive des nouvelles technologies, du numérique et du temps qui y est accordé, tant au travail que dans la sphère personnelle. Elle implique généralement un effacement des frontières entre vie privée et vie professionnelle.
La charge mentale se traduit par l’encombrement psychologique provoqué par des préoccupations d’ordre professionnel sur les temps personnels et inversement : penser à sa vie personnelle en étant au travail. Elle impacte l’équilibre psychique et l’équilibre vie privée et vie professionnelle. Une charge mentale trop importante implique stress, fatigue, saturation de la mémoire de travail (mémoire à court terme), irritabilité…
Une porosité entre les sphères privée et professionnelle est de plus en plus souvent observée et déplorée. L’alternance des tâches de la vie personnelle et des tâches professionnelles placent l’humain dans deux mondes cognitifs différents. Cet enchevêtrement des temps sociaux constitue un facteur aggravant du sentiment d’urgence via une joignabilité permanente.
Hypersollicitation & ses effets sur le cerveau
L’usage parfois excessif des outils numériques (mail, sms, messageries instantanées…) entraîne une surcharge informationnelle en même temps qu’une crainte de manquer une information importante (le fameux syndrome FOMO, fear of missing out, ou peur de rater quelque chose).
Sachant que l’on estime que nous recevons en moyenne entre 150 et 200 notifications par jour, nos journées sont hachées, notre cerveau est sur-sollicité en permanence. L’impact sur notre concentration est majeur, notre cerveau ne pouvant plus créer de bulle de l’attention pourtant fondamentale à son bon fonctionnement.
Devoir jongler avec quantité d’objectifs censés être tous aussi pressants les uns que les autres met du sable dans l’engrenage de notre machine cognitive et impacte drastiquement notre charge mentale.
Le droit à la déconnexion & la loi de 2017
Les flux incessants de demandes et d’informations transitant par les outils numériques ont pour conséquence de provoquer une surcharge informationnelle et un temps de travail jamais refermé.
Prenant conscience de l’importance du problème, la France a été le premier pays à se doter d’une loi sur la déconnexion en 2017 (article L.2242-17 du Code du Travail), loi visant à assurer le respect des temps de repos et de congés, à garantir l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle et à garantir la santé (notamment mentale) des salariés.
Avec cette loi, la déconnexion est considérée et reconnue comme un gage de bien-être, de qualité de vie au travail et de performance.
Stratégie de déconnexion
En parallèle, différentes stratégies peuvent être mises en place au niveau individuel ou collectif pour limiter la charge mentale liée à l’hyperconnexion.
Les entreprises, mais aussi les particuliers, ont à travailler sur la pédagogie d’utilisation des outils numériques. En effet, en matière de communication, ce n’est pas seulement le message qui est important mais l’expérience média qui est à envisager dans sa globalité : pourquoi utiliser tel outil ? va-t-il servir mon objectif ? Instantanéité et immédiateté sont à proportionner à la réelle importance du message. C’est le message qui doit dicter l’outil, et non pas le contraire.
Repenser son utilisation des outils numériques, cela peut impliquer une remise à plat de ses habitudes : arrêt des notifications, définitions de plages horaires consacrées au traitement des mails, couper le téléphone professionnel à partir d’une certaine heure, … La mise en place est souvent difficile, des rechutes généralement à prévoir, mais les effets et les bénéfices sont tels que les efforts sont justement récompensés.
En coupant le brouhaha numérique, l’implication et la concentration sont démultipliées. En travaillant sur une action précise, sans chercher à faire plusieurs choses en même temps, on réduit également les conflits dans le cerveau : il n’y a plus de doute sur ce qui est important et sur ce qui ne l’est pas.
Le cerveau n’étant pas multi-tâche et notre attention étant l’un de nos premiers mécanismes à être affecté par le stress nous devons tous réfléchir à notre consommation et notre utilisation des outils numériques. Une utilisation raisonnée et raisonnable de ces outils permettant de réduire la charge mentale, une déconnexion numérique est à envisager afin de mettre à plat son utilisation et de repartir sur une utilisation consciente et intentionnelle.
